Lorsque la vague du cinéma érotico-rigolo de série B bouleversa l’univers culturel du cinéma Italien, le « genre » eut ses reines dont Barbara Bouchet, Marisa Mell ou Beba Loncar. Et sa grande prêtresse Edwige Fenech!
Cette ravissante naquit en Algérie sous nationalité française d’un père maltais et d’une mère sicilienne. Nous étions la nuit du réveillon de Noël 1948, la petite Edwige Sfenek naissait en même temps que le petit Jésus à…Quelques vingt siècles près! Cette gracieuse enfant, figure de proue d’un futur cinéma érotique et bon enfant ne se répendit guère dans la presse sur ses années de jeunesse. On la retrouvera donc étrangement en Autriche, radieuse jeune demoiselle de 19 ans, prête à se lancer tous charmes dehors dans les balbutiements d’un cinéma polisson qui restera son unique créneau durant plus de vingt ans! Elle ne tardera d’ailleurs pas à quitter les sapins autrichiens pour s’installer au soleil de Rome, capitale de l’Italie et de son cinéma.
Elle était d’abord passée par la mère patrie française où elle était couronnée à 16 ans « Miss Mannequin côte d’Azur » Dans un fort compréhensible excès de zèle dû à leur admiration, certains biographes font d’ Edwige une Miss France, ce qui est faux! Elle se contentera de débuter sur un dialogue de Michel Audiard dans « Toutes Folles de Lui » en 1967, magnifiquement entourée par Jean Pierre Marielle et Sophie Desmarets.
Apparue sur les écrans en 1967, Edwige Fenech profita pleinement d’une vague de libération des mœurs sans précédente (et d’ailleurs sans lendemain) qui toucha pour la première fois le cinéma précisément en cette même année 1967! Notre belle romaine d’adoption va cumuler les tournages et réussira la prouesse de connaitre une véritable admiration populaire sans jamais pourtant se départir d’un cinéma d’un genre bien défini qui en principe n’est pas le pain béni des familles du dimanche après midi. Mais en ces années 70, la nudité n’est plus affaire d’état ni même de confessionnal! Dans l’Italie de cette joyeuse époque, on photographie bien plus volontiers les seins d’Ursula Andress ou de Sylvia Koscina que la calotte du pape!
Edwige tiendra donc avec ses gracieuse copines rarement habillées le haut du pavé de la popularité nationale. Elle aura même des personnages hauts en couleurs, la « toubib » et la « School Teacher » aussi populaires en Italie que le gendarme de Louis de Funès en France! Ces films trouffions, potaches et fesses en l’air connaîtront plusieurs suites, toutes énormes succès internationaux!
Cette liberté de ton qui me fait aujourd’hui rêver, est associée à une liberté d’esprit non moins fascinante! la RAI, la télévision nationale italienne qui retransmet la messe du dimanche matin, le soir venu fait appel aux reines de ce cinéma plus que léger pour orner, voire animer ses émissions familiales! Ainsi le dimanche soir, voit-on débouler sur les écrans, dans leurs robes de soir aussi sublimes que révélatrices; Edwige Fenech et Barbara Bouchet, la brune et la blonde, telles Russell et Monroe, bras dessus bras dessous, qui ont leur propre talk show et reçoivent les personnalités du jour, qu’il s’agisse d’artistes ou de politiciens!
D’ailleurs le cinéma traditionnel n’hésitera jamais en ces temps bénis à faire appel à ces sulfureuses, Edwige donnant ainsi la réplique à Jean Rochefort, Nino Castelnuovo, Michael York, Donald Pleasance, Lee Van Cleef , Helmut Berger ou…Bernard Menez !
Amanda Lear la sulfureuse aura également sa propre émission où elle recevra pour le plus grand plaisir de l’audimat ces messieurs-dames dans son lit! Avouez que ça a une autre allure que « Place Royale »!
Avec l’avènement des années 80, le monde perdra peu à peu cette liberté de ton et de pensée, on redécouvrira le politiquement correct avant de voir ressurgir les dogmes et les religions. Les femmes porteront des pantalons et les stars sans prestige ni qualité se contenteront de montrer au public ravi qu’elles ont les moyens de s’offrir un sac Gucci et de se faire siliconer les lèvres dans la même semaine. (Ce dont personnellement je me fiche royalement!). Les reines du cinéma léger et polisson de papa se diviseront alors en deux camps: celui des cigales qui n’ayant rien vu venir se précipitèrent dans l’escalade érotique jusqu’à déraper dans la pornographie comme Marisa Mell ou Karin Schubert. Et les avisées fourmis qui surent gérer leur barque et prendre un magnifique tournant comme Barbara Bouchet ou notre Edwige. Laquelle soit dit en passant, vécut une longue liaison avec le président du groupe Ferrari qu’elle délaissa au profit du président du groupe Fiat!
La belle se rhabilla définitivement, resta sublime, œuvra désormais pour la télévision, apparaissant dans de nombreuses séries à succès et devint productrice. Une productrice si puissante qu’on la retrouvée produisant Al Pacino ou Quentin Tarentino!
Jolis parcours, Madame Fenech!
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1967: Toutes Folles de Lui: Avec Robert Hirsch, Maria Latour, Jean-Pierre Marielle et Sophie Desmarets
1969: Komm, Liebe Maid und Mache: Avec Michaela May
1969: Der Man mit dem Goldenen Pinsel: Avec Marcella Michelangeli et Willi Colombini.
1969: Don Franco e Don Ciccio Nell’ Anno Della Contestazione: Avec Franco Franchi.
1969: Alle Kätzchen Naschen Gern: Avec Anjelica Ott et Barbara Capell.
1971: l’Etrange Vice de Madame Wardh: Avec George Hilton
1971: Le calde notti di Don Giovanni: Avec Robert Hoffman et Barbara Bouchet
1972: Quando le Donne Si Chiamavano « Madonne »: Avec Vittorio Caprioli
1972: La Bovary Nue: Avec Gerhard Riedmann
1973: Dio, Sei Proprio un Padreterno: Avec Lee Van Cleef et Jean Rochefort.
1975: Nude Per L’assassino: Avec Nino Castelnuovo et Femi Benussi
1975: Il vizio di famiglia: Avec Renzo Montagnani et Juliette Mayniel
1976: La Pretora: Avec Raf Luca
1976: 40 gradi all’ombra del lenzuolo: Avec Giovanna Ralli, Aldo Maccione et Barbara Bouchet
1978: L’Enseignante va au Collège: Avec Renzo Montagnani
1978: Il Grande Attacco: Avec Samantha Eggar, Helmut Berger, Guillano Gemma, enri Fonda et Orson Welles
1979: Samedi, Dimanche et Vendredi: Avec Adriano Celentano, Lova Moor, Michele Placido et Barbara Bouchet.
1980: la Moglie in Vacanza, l’Amante in Citta: Avec Renzo Montagnani, Marisa Merlini et Barbara Bouchet
1982: Sballato, Gasato e Completamente Fuso: Avec Diego Abatantuono
1988: Un Delitto Poco Comune: Avec Michael York et Donald Pleasance
